Le Pirate Magazine

 
 
SERGIO
"sinon je suis un "rat d'atelier"..."


Aujourd'hui nous avons la chance de vous présenter Sergio dessinateur de presse.
Un crayon a la main et voilà il ne faut plus le déranger ou le titiller...
Une profession qui n'est pas à l'abri du piratage abusif, prendre un dessin par ci par là sans se poser la question mais qui l'a dessiné?, A qui appartient ce dessin qui me plait tant...?
Pourtant il est si facile de contacter le dessinateur et lui demander l'autorisation d'utiliser son dessin...
Et oui chers amis, dessiner pour certains c'est leur métier et gagne pain... C'est un travail qui demande une énergie créative et intellectuelle...Le dessin ne se réalise pas tout seul, d'un claquement de doigts. Les structures genre de protection intellectuelle,font elles réellement et correctement leur travail... Dans le monde de la musique tu te nommes Johnny Haliday tu n'as aucun problème de droits mais si tu t'appelles "X" ou "Y" et bien tu peux toujours courrir pour que tes oeuvres soient correctement protégées et respectées... Pour récupérer le chèque de dépot par contre ces organismes de protection savent très bien le réclammer..Affaire à suivre le Pirate ouvre une enquête à ce sujet... Depuis un an déjà plusieurs dessinateurs et plumes se sont rassemblés et ont créé "ZELIUM" un nouveau journal que vous pouvez découvrir et vous procurer en kiosque.

Sergio a répondu au Pirate :

LE PIRATE:
Bonjour Sergio, peux-tu te présenter aux Piratiens?


Dans les limites de l'intimité, oui, je peux. Après un Bac « arts appliqués » en 1988, un BTS en Design et nombre d'errances professionnelles, je me suis remis au dessin pur dans les années 2000.

En tant que tout petit dessinateur de presse, je suis publié depuis les débuts de « Siné-Hebdo », puis dans l'hebdo « La mèche » (journaux défunts, hélas...), le « Bateau Ivre » (trimestriel belge), le mensuel (maintenant bimensuel) « Zélium » -j'en recauserai- et dans le mensuel « Barricade ». J'ai aussi contribué à l'illustration collective de l'ouvrage « Le petit Alévêque illustré »...


LE PIRATE:
Tu es dessinateur. Explique-nous ton métier.


Sergio:
Pour dire les choses de la façon la plus simple possible, il y a les commandes, mes propositions personnelles, et parfois quelque chose qui navigue entre les deux, et ce dans le flou total...

Le dessin d'actualité, par exemple, exige une réactivité « à chaud » sur ce que les médias de masse appellent « événementiel ». Il est possible de jouer avec sur la durée, certains sujets perdurent, mais tout dépend des délais de parution des supports...
L'accompagnement d'article -c'est mieux « qu'illustration »- est plus complexe. Cela suppose une parfaite compréhension de l'article envoyé, et de faire en sorte que le lecteur n'aie pas besoin de le lire pour comprendre le dessin qui va avec. C'est l'idéal, mais pas toujours facile.
Et il y a ce que j'appelle les « feuilles mortes potentielles ». Ces dessins que l'on peut faire pour soi, sur un coup de sang, plus intemporels que les autres, mais qui ne trouveront leur place qu'en fonction de la décision d'une rédaction.
Dans tous les cas, même s'il m'arrive trop souvent de céder à cette facilité, trop de texte incorporé au dessin m'est la pire des solutions. Pas la peine de dessiner s'il est nécessaire de trop « expliquer » un dessin par un excès de verbiage. C'est le plus dur et le plus exigeant, je pense.
Ceci dit, le plus dur pour pouvoir bien faire ce métier est de ne point pouvoir en vivre intégralement...



Comment travailles-tu?
Je ne m'exprime qu'à titre personnel, cela va de soi! Beaucoup de lectures (peu de grosse presse, beaucoup de littérature et d'essais), ouvrages graphiques, plusieurs revues de presse par jour (si possible) essentiellement sur le web, cinéphilie compulsive. L'acquisition d'une culture politique (au sens le moins vulgaire du terme) relativement solide me paraît indispensable.
Les rapports avec les amis qui font le même métier sont importants, eux aussi! Ils compensent le tragique du réel et aiguisent le regard sur celui-ci. Tout cela alimente ce qui compte le plus: les idées. Le reste n'est que de la technique (en ce qui me concerne, très peu de Photoshop, que du papier en couleur directe, crayon de couleur, encre ou parfois aquarelle).
Sinon, je suis une sorte de « rat d'atelier »: table à dessin sous les avant-bras et écran d'ordi sur ma droite. Il faut dire que le numérique a grandement facilité le travail. Un journal comme « Zélium », par exemple, n'a pas de locaux. Toute la coordination artistique et rédactionnelle se fait par internet de façon totalement décentralisée, ce qui permet de réunir un grand nombre de collaborateurs souvent très éloignés géographiquement les uns des autres.




Que penses-tu du piratage d'image?
Tout dépend de ce que l'on nomme « piratage ». Personnellement, je suis à 100% favorable à la libre diffusion et partage des images. D'évidence, les dessins que je mets en ligne sont « gratuits » à la circulation et la consultation, mais pas libres de droits en ce qui concerne leur utilisation!
La ligne jaune, c'est l'autorisation de l'auteur dans certains cas (celle-ci n'est pas forcément liée à une question d'argent, d'ailleurs).
Lorsqu'un bloggeur (même sans me demander mon avis) reprend un de mes dessins dans la seule intention d'exposer son goût personnel (un peu comme le « partage » sur FB), du moment que ma signature est lisible, ce n'est pas bien grave, tout va bien. Tout change lorsque l'usage sauvage se fait à des fins promotionnelles, quelles qu'elles soient. Il faut savoir que même certaines centrales syndicales se livrent parfois à ce genre d'exercice peu glorieux...
Pour finir, au-delà du « piratage », il y a le « pillage »: l'usage sans autorisation à des fins commerciales, ce qui nous met en rage dès lors que nous mettons gracieusement notre travail en ligne.



Est-ce que les dessinateurs sont bien protégés?
En théorie, la législation sur la protection du droit d'auteur est sensée nous protéger
ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Droits_d%27auteur. Dans les faits, c'est une autre histoire.
La disparité des statuts des dessinateurs -salariés, indépendants, titulaires de carte de presse, etc...- tend un peu à les isoler, ajoutons à cela l'inévitable dose d'individualisme liée à l'exercice même du métier, tout cela est peu favorable à la possibilité de fédérer à minima la profession pour défendre des intérêts communs.
En cas d'abus flagrant, reste la possibilité de porter plainte à titre individuel auprès du Procureur de la République, mais outre le fait que le réflexe juridique soit parfois étranger à nombre d'entre nous, cela suppose aussi du temps, de l'énergie (voire des sous!). Seul, c'est souvent difficile de s'y contraindre.
La « réponse » à la violation du droit d'auteur en ce qui concerne le téléchargement illégal fût la grotesque et nullissime HADOPI. Logique: il existe une industrie du disque, une industrie du cinéma, mais point d'industrie du dessin (sans doute faut-il s'en réjouir, d'ailleurs!). Nul doute que lorsqu'un de nos brillants responsables culturels daignera se pencher sur ce problème, il ne manquera pas de proposer l'interdiction de la capture d'écran (désolé pour le fou rire...).



Est-ce un risque que d'exposer tes dessins sur les réseaux sociaux?
Avant même d'évoquer les réseaux sociaux, le risque existe dès la création d'un blog ou d'un site. Je ne suis sur FB que depuis Septembre 2011 et j'ai parfois eu ce genre de problèmes bien avant. Les réseaux sociaux n'ont qu'un effet démultiplicateur du risque d'un usage sans scrupules de notre travail. Impossible de tout voir du pillage dont je parle plus haut. La plupart du temps, on ne tombe guère sur ce genre de choses que par hasard!
Même sans faire partie de ce type de réseau, une bonne capture d'écran sur un blog publiée en photo sur un mur par quelqu'un d'autre, et c'est parti. Le numérique est « poreux »...!
C'est tout le paradoxe du web, à double tranchant: il peut offrir une belle visibilité exponentielle des oeuvres tout en favorisant leur exploitation non souhaitée par l'auteur.
Mais en dehors de ces généralités, je précise qu'en ce qui me concerne, cette visibilité n'est que complémentaire. Le noyau dur reste l'édition papier.



Quels sont tes projets à venir? Peux-tu nous-en parler?
Une éventuelle publication de bouquin érotique accompagné de textes d'un copain, le boulot avance, mais très lentement, je ne peux guère en dire plus!
Un projet de recueil collectif de dessins en auto-édition en compagnie de Flavien Moreau (
http://flaviendessin.over-blog.com/), Philippe Decressac (http://phildecressac.canalblog.com/) et Giemsi (http://giemsi.over-blog.com/). Pas facile à monter. Le financement, toujours, hélas... (l'appel à souscription ne sera sans doute pas exclu...).

Une expo en cours:
http://zelium-sencanaille.blogspot.fr/ (précision: le vernissage est annulé, le blog sera mis à jour.)

Bien entendu, notre présence ainsi que celle de nombreux confrères à la seconde édition de l'excellent festival « SATIRADAX » (FB:
http://www.facebook.com/profile.php?id=100001802397411, site: http://www.satiradax.fr/) organisé par notre ami Marc Large (http://large.canalblog.com/ et http://www.facebook.com/marclarge), à ne pas rater

Sinon, toujours cette belle aventure collective qu'est « Zélium » (
http://www.leblogdezelium.info/) ainsi que le mensuel « Barricade », monté en Novembre 2011 par Yves Frémion et Gérald Dittmar (http://www.barricade-mag.fr/), et toujours la recherche d'autre supports... Papier!!!


As-tu un site où les Piratiens pourraient te découvrir?
Bien sûr.
Un blog:
http://lesergioblog.canalblog.com/ … Un peu en friche en ce moment, certes, mais pas mal d'archives!

Et FB:
http://www.facebook.com/profile.php?id=100002820565414





Le Pirate!
lily
le 19 avril 2012

 





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