Le Pirate Magazine

 
 
Jacques  Bral
Je ne vis que parce-que les autres existent


Le nouveau film du grand réalisteur Jacques BRAL "LE NOIR TE (VOUS) VA SI BIEN" sera en salle le 5 décembre 2012... Un long métrage qui risque de délier des langues engourdies... Quand des cultures différentes se rencontrent mais ne se comprennent pas... Quand la vie prend des tournants inatendus... Quand on se rend compte que la liberté n'est pas évidente pour tout le monde...ou  pas comprises même si ces personnes vivent dans un pays où les libertés sont respectées voir normales...
Jacques Bral ne veut donner de leçons à quiconque son but est très simple que chacun vivent en paix...
Les chocs des cultures, des intolérances radicales, des lendemains incertains qu'ils trouvent des sollutions en grande intelligence du respect de l'humain...
Autant la femme que l'homme souffrent d'une incompréhension castatrice de l'esprit...
Le Pirate vous invite à ne pas manquer ce rendez vous ce 5 décembre 2012 dans toutes les salles...
Une belle distribution à l'affiche pour une histoire qui ne nous laissera pas sans émotions et sans réflexions...



Jacques BRAL a répondu au Pirate :

LE PIRATE :

Bonjour Jacques peux tu te présenter aux Piratiens?


Jacques BRAL :

Je suis perse et français, né à Téhéran, ma famille est originaire de Yazd depuis plusieurs siècles, arrivé en France à l’âge de 17 ans en 1966 pour faire du cinéma, pas pu entrer à l’IDEC comme élève, où je ne suis allé que quelques jours comme prof. Comme j’étais peintre, après un passage à la Sorbonne, je suis entré aux Beaux Arts de Paris en architecture. Puis à l’IFC « magnifique atelier de théorie et pratique du cinéma » qui n’a pu durer que quelques années.


 

Comment devient on scénariste et réalisateur?
Je crois que j’avais 4 ans, peut être même 3, quand un soir d’anniversaire, mes parents mon oncle et sa femme m’ont emmené pour la première fois au cinéma. Pour moi ce fut le démarrage, l’envie de faire pareil, des films.

Le parler et l’écrit utilisent les mêmes mots et verbes. On peut facilement raconter des histoires, son histoire. Mais écrire un scénario c’est une autre paire de manche.

Le scénario, comme le filmage du scénario, c’est la façon de raconter l’histoire et non l’histoire elle même.

Si un roman pouvait être assimiler à un tableau de peinture, un scénario c’est des plans d’architecture. On peut écrire une histoire en forme de scénario, mais si la base n’est pas bonne on ne peut pas réellement construire dessus : le bâtiment ne peut pas s’élever très haut.

Etre scénariste c’est beaucoup de travail, il faut s’imprégner du sujet, avoir une envie de raconter, être les personnages quand on les écrit ou comme un acteur ou un comédien, et puis réellement apprendre à écrire un scénario.

Etre un bon scénariste c’est probablement la chose la plus difficile et ingrate qui puisse exister au cinéma.

Les auteurs d’histoires peuvent se prendre pour des scénaristes, même s’ils font des plans de bâtiments à bas étage,

Et un vrai scénariste peut ne pas être reconnu dans ce qu’il fait, dans ce qu’il a fait, dans ce qu’il a fourni ;

Soit parce que la mise en scène est mauvaise, ou la mise en scène et la production ingrates.

 

Adapter un livre c’est encore plus un calvaire, c’est comme si on mettait en pièce détachées un « fer à repasser » pour en faire une table ou une chaise,

Tout en gardant l’esprit du livre et « personnages ».

 

Enfin bref pour devenir scénariste, il faut être généreux, capable et travailler beaucoup, se mettre à la place de tout le monde et s’attendre à toutes sortes d’ingratitudes.

 

Pour être réalisateur c’est plus facile. Il est entouré généralement de beaucoup de monde qui le corrigent.

Ceci dit un bon réalisateur c’est un chef d’orchestre, je dirais un chef de chantier. Sauf qu’un tournage c’est un chantier en mouvement : c’est une expédition. Il faut comprendre les gens, techniciens et acteurs, les aimer et connaître le travail de chacun pour pousser l’expédition le plus loin possible. Qu’il s’agisse d’un film public, ou d’autres films qui pourraient  le devenir - des prototypes -, le travail est le même.

Sinon impressionner la pellicule commence à devenir aussi facile qu’écrire un roman sur une feuille de papier, et c’est tant mieux.



Quelles sont tes sources d'inspirations pour l'écriture d'un scénario?

Je me considère comme un témoin.

Il y a deux façons d’envisager la vie soit « moi je » soit « la vie c’est ce qu’il y a en face : les autres », pour moi c’est avant tout les femmes et puis les autres. Je ne vis que parce que les autres existent. Sinon cela ne servirait à rien. Je fais mes films comme un constat d’huissier, sur vous, sur la vie. Evidemment le constat d’huissier est imprégné d’un regard personnel donc subjectif. Je fais des films en pensant qu’ils peuvent être utiles. Ceci dit maintenant l’envie de film commence petit à petit à prendre le dessus, peut être parce que le temps passe et la vie avance et que je me rends compte que je n’ai pas assez raconté mon plaisir de vivre qui est l’autre, les autres.




Bientôt a l'affiche « LE NOIR TE (VOUS) VA SI BIEN ?

Je suis curieux et j 'aimerai que tu me racontes un peu l'histoire de ce film?


 

  

Sofiia Manousha, Lounès Tazairt, Julien Baumgartner, Grégoire Leprince-Ringuet, Elise Lhomeau, Souad Amidou,
                             Salim Kechiouche, Thierry Lhermitte                          



 

 

C’est le déracinement d’une famille venue d’Orient vivre en Occident. Comment planter ses racines ailleurs, dans une autre culture tout en sauvegardant son intégrité. Essayer d’accepter l’ « autre » l’autre culture tout en restant soi- même, fidèle à son origine, et en se faisant accepter par l’autre. Pour les parents l’évolution se fait lentement. Pour les enfants qui grandissent dans l’autre culture, qui partagent les deux cultures, la situation est plus difficile. Tous les personnages du film sont positifs. Ils sont humains, ils ont leurs raisons. D’où surgit le drame.
C'est un film sincère sur le véritable mal du déracinement alors qu'on l'a voulu, et sur la difficulté de la transition pour accepter l' "autre" et se faire accepter.

 


Que représente ce film pour toi?

Ce film représente une part de moi, qui partage les deux cultures, et le déracinement.

C’est aussi un film sur la femme et ses droits qui doit être égale de l’homme dans toute culture.
C’est un sujet universel et un constat actuel, en espérant que cela fera réfléchir.



Pourquoi ce film?

Depuis le décès de ma mère je suis retourné fréquemment en Perse.

La toute première fois après plus de 20 ans le choc était terrible de voir les femmes habillées, en plein été à 46°, comme des corbeaux. Là, ce n’est pas un choix mais une obligation. Quand je suis revenu, les femmes qui étaient dans l’avion s’étaient changées dans l’aéroport, habillées en blouse et pantalon devant le tapis roulant pour récupérer les bagages, elles étaient méconnaissables.

 

Par la suite, j’ai dû retourner à Bruxelles après quelques années. Il y a un phénomène identitaire en Occident qui fait que puisque les occidentaux ont un regard différent sur les orientaux, ceux ci, hommes ou femmes, ont tendance à accentuer cette différence.

En occident cela est fait volontairement alors qu’en Orient c’est une obligation qui se traduit par le port vestimentaire des plus strictes pour les femmes. Dans les deux cas ce sont les femmes qui en font les frais. Or, l’avenir de l’Orient passe par les femmes. Elles doivent occuper aujourd’hui dans ce monde moderne électronique, toute leur place. Elles doivent être la fierté de l’homme. La seule chose qui protège la femme ce sont les paupières des hommes. Elles ont été ces derniers temps au premier rang des révoltes pour la liberté et la démocratie. Elles doivent en bénéficier tôt ou tard. Ce sera plus tôt qu’on ne le penserait.

 


Et as tu discuté avec des hommes vivant en France ne tolérant pas la liberté de la femme?

J’ai fait lire le scénario à beaucoup. Je voulais que le film soit utile. Ce n’est pas une attaque. Ce n’est pas une explication mais plutôt une mise en évidence de la perception de chacun, pour faire comprendre.


 

Ressens tu une tendresse pour ces femmes portant le voile mais subissant la pression d'hommes ou aussi souvent de femmes influentes ?
Si dans le couple il peut y avoir des relations décidées ou subies, à la condition de ne pas entraver le respect des droits de l’homme et la loi républicaine ;

En famille je ne vois pourquoi dans le monde moderne d’aujourd’hui, en République, un père ne voudrait pas voir sa fille devenir ministre, à la place d’être une « chasse gardée » à livrer à l’homme qui va l’épouser.

Sa fille doit bénéficier des mêmes droits que son fils. C’est un avantage républicain, ce n’est pas un inconvénient.



Moi je suis très impatient....de le découvrir...
Donc a bientôt...Jacques!



Découvrez ici la filmographie de Jacques BRAL :

http://www.thunder-films-international.com/un-printemps-a-paris.html

http://www.thunder-films-international.com/mauvais-garcon.html

http://www.les-films-noirs.com/polar.html

http://www.exterieur-nuit-le-film.com/

Jacques Bral a également produit le dernier long métrage de Samuel FULLER
http://www.thunder-films-international.com/sans-espoir-de-retour.html

LE PIRATE
lily
le 25.08.2012



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